Luigi, merci d’avoir accepté notre invitation pour Club Inside. Vous êtes actuellement président du club de football de l’ASF Perreux dans le Val-de-Marne. Merci du temps accordé à STADCOM en cette période de crise sanitaire. Pour commencer l’interview, ma première question sera :

Qui êtes-vous ?

Je suis Luigi GRISORIO, né en 1967 (53 ans) à Montreuil (93).
Un passionné de football depuis tout petit. C’est le seul sport, la seule activité qui m’a accompagné toute ma vie sans jamais me lasser.

Aujourd’hui vous êtes président de club mais avant d’en arriver là, quel est votre parcours footballistique ?

Je démarre le football à 8 ans au Red Star Club de Montreuil (93).
A 11 ans je joue dans l’équipe Pupilles (U12 actuellement), je suis ailier gauche. Le numéro 9 de l’équipe s’appelle Michael MADAR et le numéro 5 s’appelle William PRUNIER. Michael part pour Sochaux, William pour Auxerre et le Paris FC me demande d’intégrer leur effectif. Malheureusement, mon père ne connaît rien au football peut médiatique à l’époque et ne souhaite pas mon départ si jeune du cocon familial.

Je reste près de chez moi et j’intègre dans les années 80 l’équipe des cadets nationaux du CA Romainville (U16 Nationaux actuels). Je continue de jouer avec mes amis sans autre prétention que de m’amuser et pratiquer mon sport favori. J’évolue ensuite en départemental et en régional jusqu’en DH (R1 aujourdhui). A 35 ans, je passe mes diplômes avec l’envie grandissante de transmettre aux jeunes ma passion et devenir entraîneur. Après 17 ans en tant qu’entraîneur, je suis sollicité pour reprendre le flambeau à la place de Président de mon club de coeur l’ASF LE PERREUX dans lequel j’ai joué et entraîné longtemps.

Quel est le rôle au quotidien d’un président de club de plus de 500 licenciés ?

Pour ma part, je suis un président très impliqué et je viens du terrain. Ma bienveillance sur le travail technique effectué au club est donc prépondérante. Je m’appuie sur une équipe administrative, une équipe technique et des de formidables dirigeants, ce qui allège le travail de chacun si les tâches sont bien déléguées et redistribuées. Ensemble, nous mettons en place une politique sportive et nous veillons au bon fonctionnement du club en appliquant les décisions prises en Comité Directeur ou votées en Assemblée Générale.
Je suis un peu le garant de tout ça en tant que responsable principal de l‘association.

En tant que président de club, comment agissez-vous pour continuer à faire vivre votre club malgré l’arrêt des compétitions ?

Nous sommes en étroite collaboration avec le service des sports de la Mairie du Perreux.
Nous nous adaptons à chaque changement de protocole défini par le gouvernement et la fédération. Cela va de l’arrêt total de l’activité comme de mars à mai et en novembre 2020 à la reprise des séances d’entraînement avec respect des protocoles imposés.
Ainsi, nous avons réussi à maintenir une activité en avançant l’heure des séances à cause du couvre feu et en développant des séances en we à la place des compétitions.
Ce n’est plus comme avant, l’adaptation est permanente et la Mairie nous aide beaucoup en donnant accès au terrains sur des créneaux inhabituels.

L’impact du COVID aura des lourdes conséquences pour de nombreuses écoles de football dont la vôtre ou certains jeunes ont quasiment connu 2 saisons blanches coup sur coup. Comment rattraper 2 années de football sans progression pour vos équipes ?

En effet, ces 2 saisons ont fait du mal aux clubs en général. Nous avons perdu 100 licenciés entre les 2 saisons. Malgré un maintien de l’activité, rien ne remplace les matchs et la compétition. Ce retard pris pour certaines catégories d’âge sera vécu par tous les clubs.
De plus, nous naviguons à vue. Qui peut dire aujourd’hui à quelle date nous reprendrons une activité football normale ?

Comment préparez-vous la saison prochaine avec l’incertitude du COVID qui règne toujours ? Ne craignez-vous pas une nouvelle saison blanche ?

Cette dernière question est dans toutes les têtes. Nous préparons déjà la saison 2021/2022 mais l’organisation est totalement différente. Aujourd’hui, les matchs amicaux sont interdits, le déplacement au-delà de 10 km également. Comment essayer ou faire venir des joueurs ?
C’est très compliqué de se projeter. Pas de détections possibles, nous voyons seulement nos joueurs et le spectre d’un nouveau confinement si la situation sanitaire ne s’améliore pas risque de refroidir les parents de s’engager à nouveau.

Quels sont vos projets de développement pour l’ASF Le Perreux ?

Nous travaillons depuis quelques saisons sur la promotion des jeunes du club pour encadrer les enfants de l’école de football et intégrer en tant que joueur la catégorie séniors.
L’expérience d’éducateurs qui viennent de l’extérieur et repartent avec des joueurs sous leurs bras fait du mal au clubs et au football.
Nos éducateurs jouent pour notre club et en sont imprégnés. Même chose pour les joueurs séniors qui arrivent de l’extérieur et repartent aussi vite. Nous intégrons nos jeunes formés au club en priorité. Depuis ce virage, nous avons déjà réalisé plusieurs montées sportives au sein de nos équipes. La stabilité est gage de réussite plutôt que de recommencer sans cesse avec des nouveaux. Notre club se veut familial, fidéliser les bons éléments est important.

Quel est votre meilleur souvenir de football au sein du club ?

J’ai beaucoup de bons souvenirs dans ce club, le meilleur en tant qu’entraîneur restera la réussite de 4 montées en 4 ans de D3 en R2 avec la catégorie U19 devenue les U20 aujourd’hui.

On sait que la Superleague a été au cœur des débats ces derniers temps dans le monde du football. Votre club a-t-il été convié pour cette compétition ?

La Superleague disparaît aussi vite qu’elle est arrivée. Ce projet n’est pas viable et il est
malheureusement à l’image de la société actuelle. Les riches veulent jouer entre eux avec les meilleurs
joueurs et se partager les bénéfices pendant que les clubs amateurs galèrent et que certains ne pourront
même pas repartir après la covid par manque de moyens. Ils oublient par exemple qu’avant d’être un joueur mondialement connu, M’BAPPE a débuté dans un petit club de banlieue. Sans ces petits clubs qui forment et fournissent ces joueurs, ces grands clubs ne seraient pas là où ils en sont.

Club Inside laisse le mot de la fin à chaque invité, alors quel est votre mot de la fin Luigi ?

Un grand merci à toi Romain, pour avoir mis en avant un club amateur.
Le football doit rester pur et beau. Il doit véhiculer des valeurs et du bonheur.
Je souhaite à tous de trouver une passion dévorante et belle comme je l’ai trouvé avec le football. Les émotions qu’un tel sport peut apporter sont uniques.
Enfin, je fais le souhait que les instances puissent mettre en place une aide aux petits clubs pour les empêcher de disparaître. Ils sont l’essence et le cœur même de tout ce qui se passe plus haut.

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